Conférence de Guillaume Lecointre :
Résumé de la conférence
L’intégrité scientifique, qui s’énonce souvent en termes d’interdits (interdit de plagier, de ne pas citer ses sources, de dissimuler ou de falsifier des données, etc.), ne prend sens qu’en vertu de la spécificité du savoir scientifique parce que cette spécificité conditionne la confiance en la science d’une société de citoyens dotés de la liberté de jugement.
Au-delà des prescriptions de l’intégrité scientifique, la conférence entend remonter au sens éthique de la profession de chercheur qui régissent les conditions de production, de validation et le transfert des savoirs vers la société. C’est important lorsque celle-ci traverse une crise de confiance dans ces savoirs eux-mêmes et dans les conditions dans lesquelles ils sont produits et validés.
Cette crise de confiance, portée elle-même par une crise des valeurs et par une fracture du corps social sur la définition du bien commun, atteint l’Université dans sa triple finalité de production, de transmission des savoirs et de formation de la jeunesse par les savoirs et par la recherche.
Or les attendus cognitifs dans l’espace des sciences proviennent d’une forme d’éthique de la connaissance et donc d’un rapport au savoir, et dépendent d’un cadre politique pour s’exprimer. Guillaume Lecointre parlera d’une distinction didactique entre savoirs, croyances, croyances religieuses, opinions et idéologies, en précisant quels sont les attendus épistémologiques relatifs aux savoirs conçus comme des biens publics. Il abordera quelques précautions psycho-sociales comme par exemple ne pas confondre la critique des idées et la critique des personnes, ou bien ne pas confondre l’égalité en droit à s’exprimer avec égalité de compétence ou égalité de légitimité, d’où la nécessité d’expliciter des espaces de légitimité (ce que la toile, ou certains Prix nobels, brouillent régulièrement). Ou encore distinguer faits et valeurs, distinguer ce qui relève du personnel et du collectif professionnel, etc.
Le conférencier
Professeur du Muséum national d’histoire naturelle, où il a dirigé l’école doctorale puis le département Systématique et Évolution, Guillaume Lecointre est chercheur en systématique (science des classifications) et en zoologie. Il travaille aussi à l’exportation de méthodes classificatoires à d’autres champs scientifiques que celui de la zoologie, par exemple en ethnomusicologie, en biochimie et en histoire des sciences.
Scientifique engagé, Guillaume Lecointre participe depuis bientôt trente ans à l’amélioration de l’enseignement en sciences, à tous les niveaux scolaires, par des livres et des formations d’enseignants. Il est en particulier reconnu pour ses travaux sur la laïcité dans la science et dans son enseignement. Guillaume Lecointre est fréquemment sollicité lors de colloques scientifiques mais aussi sur les grands médias tels que France Culture. Il s’est notamment intéressé au phénomène du créationnisme et aux problèmes qu’il pose concernant la posture publique à adopter par les chercheurs et les enseignants de tous niveaux, y compris à l’Université.
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Bruno GARNIER, Chargé de mission laïcité, égalité, lutte contre les violences et discriminations
| garnier_b@univ-corse.fr